• Pourquoi cette malchance?

    Elle avait mon âge et nous étions vraiment semblables… Une forte tendance à la souffrance et au masochisme.

    Je la voyais parfois s’autodétruire et se foutre en l’air. Cette fille… Un océan de secrets.

    On s’est rencontrées à 19 ans et je ne connaissais rien de son enfance.

    Environ 2 fois par semaine, nous nous retrouvions le soir dans des bars, rien que nous 2, comme des sœurs jumelles. Nous nous appropriions chaque lieu et notre monde nous appartenait.

    Ces soirs-là, nous nous retournions la tête à la vodka, au rhum, à la bière… Rien ne pouvait nous perturber, et je l’aimais comme ma meilleure amie.

    Un jour, ma pote a rencontré un garçon. Un ange ce type. Je me disais quelle chance… ! Il était beau, galant, intelligent, respectueux, timide, rêveur aussi.

    Il était tout pour elle. Parfois, elle me confiait que leur amour était solide comme le meilleur des diamants et que rien ne pourrait le détruire.

    Moi aussi je me le disais, tout le monde le disait.

    Tous les ans, vers la fin de l’été, ce mec faisait les maïs dans le Cantal pendant une ou deux semaines. Ca faisait un an et demi qu’ils étaient ensembles et elle était un peu inquiète. Il lui manquait.

    Elle me faisait rire car 13 jours, c’étais pas non-plus l’éternité… Mais quelque part, je la comprenais.

    Un jour, elle reçoit un coup de fil (septembre 2007), j’étais à ses côtés, pour ne pas changer !

    A parement, c’était son copain. Je n’entendais pas grand-chose mais je la voyais s’assombrir… Son regard était outré.

    Elle hurlait, presque à se rouler parterre en hurlant : « Non, non c’est pas vrai, dis-moi que c’est une blague. » J’étais mal, je m’imaginais le pire.

    « Je te hais, t’es qu’un sale enfoiré, sois maudit, c’est à peu près ce qu’elle à dit.

    Disparais de ma vie, je n’te l’pardonnerais jamais. » Elle raccroche.

    Je savais ce qu’il se passait. Je fumais, clope sur clope. Perturbée. Envie de sauter du balcon.

    Elle pleurait à s’en étouffer.

    « Il t’a trompée ? » lui demandais-je.

    Elle me fait un oui de la tête en me disant qu’elle n’arrive pas à y croire.

    Nous nous sommes assises pour qu’elle se calme, elle avait du mal à respirer. Ses larmes l’étouffaient.

    « Amène le whisky », m’a-t-elle dit fermement, comme pour me dire,  « maintenant il faut prendre les choses en main.

    J’ai bu avec elle, pour partager sa souffrance, et parce-que moi aussi je n’étais pas bien.

    Au bout d’un long instant de silence elle me dit avec conviction : « On sort en boîte ce soir ma chérie. »

    Je détestais les boîtes, mais là, refuser aurait été malvenu. Et puis je ne l’aurais pas laissée y aller toute seule de toute manière.

    Elle voulait « se faire prendre par un inconnu », pour se venger, se défouler.

    Et elle l’a réellement fait. Elle a trouvé un inconnu et est partie dans sa voiture. Elle m’a prévenue en me disant qu’elle ne voulait surtout pas que je le vois. Je crois que c’est parce qu’elle était un peu embarrassée.

    Pendant tout le temps où ils s’étaient absentés, je n’arrivais pas à danser. J’étais inquiète, assise au comptoir, à fixer les bouteilles d’alcool multicolores sur les étagères du bar. J’avis un mauvais pressentiment, l’angoisse au ventre.

    Au bout de longtemps, je la vois arriver, pâle, le regard vide, terrorisé. Elle avait du mal à marcher.

    Elle m’a vu de suite et est venue s’asseoir sur le tabouret à côté de moi.

    Là je le sentais mal… Un vrai cadavre mon amie.

    « Il m’a pas respectée, il a été violent…elle me dit.

    -          Comment-ça ?

    -          Il a refusé de mettre la capote.

    -          Il me l’a balancée à la gueule en me disant : « quand on est une salope comme toi, on reste sale, on se protège pas.

    (J’étais outrée.)

    Il m’a grave brutalisée, il m’insultait et me giflait en me traitant de sale p*te. Il m’a arraché les cheveux. Son haleine empestait l’alcool. »


    Je lui demande où il est pour  lui casser la figure mais elle me dit qu’il est parti de la boîte et


    qu’elle ne se souviens pas de son physique.


    J’étais vraiment dégoûtée, j’avais la rage.


    Depuis ce soir là, j’ai pas arrêté d’essayer de la joindre, mais sans réponses. Elle a même


    refusé de dormir chez moi le temps que l’orage passe.


    2 jours plus tard. Je suis sur mon balcon. Je reçois un appel d’une amie m’annonçant que


    mon amie a été retrouvée pendue chez elle.



     

     

     


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